La simultanéité subjective dans la narration
lunes, diciembre 01, 2014
« Zone , op. cit., passim. «L’organisation du texte multiplie l’évocation de lieux divers associés au souvenir, maintenant l’ambiguïté de la référence temporelle en gardant l’utilisation du présent.»
«Cette poésie de notations, mêlant dans l’instant présent et l’errance parmi la multitude de la foule différents lieux associés à des images-souvenirs, rejoint une
forme de simultanéisme – celle des moments vécus dans le flux continu de la mémoire : succession, dans l’instant, d’états d’âme divers et de souvenirs, d’images associées à des lieux hétérogènes – l’expression d’une simultanéité subjective, lyrique,
annonçant les expérimentations liées à la spatialisation matérielle du texte des années 1913-1914, et à une forme, cette fois-ci, de simultanéité objective. Cette problématique de la simultanéité, dans le courant de l’année 1912, se formalise avant tout à travers la question de la représentation de l’espace,
le développement de la poly-perspective dans la peinture cubiste,
une diffraction de l’espace dans la simultanéité de la vision,
et apparaît sous la notion de « quatrième dimension». Le concept, marqué par la théorie de la relativité d’Einstein (1905) et la géométrie non-euclidienne développée par Poincaré (1902), consiste à intégrer, comme quatrième dimension de l’espace, celle du temps, et séduit les artistes cubistes dès 1911, par la liberté qu’elle accorde dans la représentation de l’espace, son autonomisation vis-à-vis de la mimesis, aussi bien dans le groupe des pionniers constitué de Braque et Picasso, que dans celui de Puteaux autour de Gleizes et Metzinger, mais avec des traitements formels et des intuitions différentes. Ainsi Metzinger, lorsqu’il réalise le portrait Femme à l’éventail (1912) multiplie les plans et les découpes
en représentant son sujet à différents instants,
intégrant dans l’espace de la toile la dimension du temps, et sa dynamique, au seuil, par là même, de l’esthétique futuriste ; tandis les expériences menées conjointement par Braque et Picasso consistent à saisir l’objet dans sa multiplicité spatiale, comme en en faisant le tour, en multipliant et superposant les points de vue et les lignes de fuite.»
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