Le roman censuré de Dostoïevski : La Vie d’un grand Pécheur.

viernes, septiembre 25, 2015



Le roman censuré de Dostoïevski : La Vie d’un grand Pécheur.

Le modèle du héro.

« Il est, durant sa vie, tantôt athée, tantôt croyant, tantôt sectaire fanatique,
pour redevenir athée. »

« Un gamin de treize ans, ayant participé à un crime de droit commun,

esprit cultivé et débauché, est le futur héros de tous les cinq romans »

« Il est enfermé au monastère par ses parents (qui sont de notre milieu
intellectuel) pour y recevoir de l’instruction. Louveteau et nihiliste, le gamin se
lie avec Tikhon dont vous connaissez le caractère. Ce sont mes deux principaux
personnages. » (Dostoïevski)

Caractère du héro :

« Poésie des années d’enfance.
» L’instruction et les premiers idéaux.

» Il apprend tout en secret.

» Il se prépare seul à tout.

» Germes de fortes passions.
« Germes de fortes passions charnelles.

» Accroissement de la volonté et de la force intérieure.

» Orgueil incommensurable et lutte contre la vanité.

» Prose de la vie quotidienne et foi ardente qui en triomphe.

» Que tous s’inclinent devant lui, et lui pardonnera.

» Ne rien craindre. Aller jusqu’au sacrifice de la vie.

» Action de la débauche ; horreur glacée qui en est ressentie.

» Penchants à la domination illimitée

 et certitude de posséder une autorité propre : il déplacerait des montagnes.
Et il est porté à éprouver sa puissance.

» La lutte est sa seconde nature. ( ? )

Mais une lutte calme, non agitée.

» Méprise le mensonge de toutes ses forces. »

« Il ne cesse de se préparer à quelque chose, sans savoir à quoi et, fait étrange, ne s’en soucie guère, comme s’il était fermement convaincu que cela viendra tout seul. »

« Désir frénétique d’étonner tout le monde par des actes soudains d’effronterie,
mais non par sentiment d’amour-propre. »

« Irrespect pour les proches, non par le fait du raisonnement, mais par  un sentiment de répulsion pour eux.

On le bat, on le fustige pour cette répulsion. Il se renferme davantage en soi et hait plus encore.

Mépris hautain pour ses persécuteurs

et promptitude de jugement. Il commence à sentir que le jugement ne doit pas être irréfléchi et que, pour s’en garder, il faut accroître la force de volonté.

»Sa nature impérieuse lui inspire, dès sa prime enfance, de la répulsion pour les gens.

 « J’agirai avec audace, je ne m’abaisserai pas, jusqu’à la flatterie et l’habileté d’un Brin»
 « Oh ! si je voulais accepter le rôle du flatteur Brin, que de choses j’aurais pu accomplir ! »
« Si je me faisais flatteur ? C’est aussi une force que d’être constant dans la flatterie. Non, je ne veux pas, c’est vil ;

il vaut mieux avoir pour arme l’argent ; ainsi, qu’ils le veuillent ou non,

ils viendront se prosterner à mes pieds. »

» Il est frappé de voir tous ces gens (les adultes) prendre tout à fait au sérieux leurs balivernes,
de les voir plus bêtes et plus insignifiants qu’ils ne le paraissent (l’un des visiteurs, un savant, s’enivre, puis va passer la soirée avec des tziganes).

» Période d’athéisme. Il faut absolument marquer comment agit sur lui l’Évangile. Il est d’accord avec l’Évangile.

» En attendant, le principal pour lui est son moi et ses intérêts. Quant aux problèmes philosophiques, il s’y intéresse dans la mesure où cela touche sa personnalité. »

 « Il est le premier à s’étonner de son tempérament ; il se met à l’épreuve et aime se pencher sur l’abîme. »

« grand pécheur devient le plus grand des hommes »

« La femme d’Alphonsky, dame du grand monde (belle-mère du héros), avait, quand elle languissait vieille fille, un fiancé (un officier, ou un autre, quelque professeur).
» Mais elle épousa Alphonsky. Outragée par Alphonsky (il avait une maîtresse
qu’il frappait au visage), elle renoua ses relations avec son ancien amant. Le gamin l’a vue embrasser celui-ci. — Vous pouvez le rapporter à votre père, dit-elle, mais elle demande ensuite au gamin de n’en rien dire. Le gamin ne dit rien. Mais Alphonsky sait que son fils sait qu’il a des cornes et que la belle-mère a un amant. »

» Il fit du bruit dans le village à cause de « la petite boiteuse ». (unique confidente du héro ) Il maltraita Katia. La mère s’emporta à cause de Katia. En ville avec Lambert, etc... »

« Alphonsky a un bienfaiteur, qui est son plus grand ennemi

précisément parce que son bienfaiteur. Tous les bienfaits de celui-ci offensent son orgueil. Tandis que l’autre ne peut vivre sans le rôle de bienfaiteur ; mais il exige pour un centimètre de bienfaisance dix mètres de reconnaissance. Tous les deux en éprouvent de l’humiliation, s’humilient mutuellement et se haïssent jusqu’à en être malades. »

« L’orgueil extraordinaire du gamin fait qu’il ne peut ni s’apitoyer sur ces gens,
ni les mépriser.
» Il ne peut non plus leur montrer de l’indignation.

Ne peut sympathiser ni avec le père, ni avec la mère.

» Il avait l’intention de jouer l’idiot aux examens (du pensionnat où il étudiait) ; mais il s’est distingué par inadvertance. Il nourrit un profond mépris pour soi-même de n’avoir su se maîtriser pour ne pas se distinguer.
 
» L’idée dangereuse et extraordinaire d’être un homme hors pair

l’avait conquis dès son enfance.
Elle ne cesse de le hanter. L’intelligence, la ruse, l’instruction, il veut les acquérir en tant que moyens de sa future grandeur.

» Mais quand même l’argent n’est pas moins nécessaire comme une force partout utilisable, et il se décide à s’en procurer...

» Il lui semble qu’au cas même où il ne réussirait pas à sortir de l’ordinaire,

l’argent lui donnerait tout, le savoir, la puissance et le droit de mépriser.

» Enfin, sa conscience est tourmentée par le choix d’aussi bas moyens de devenir un homme extraordinaire et il éprouve du repentir...
» Le pur idéal d’homme libre se montre à lui parfois ; tout cela pendant son séjour au pensionnat. »
« Quand le vieux et la vieille sont morts, il avait onze ans et la petite boiteuse dix ans. »
« Si quelqu’un avait surpris ses rêves, il mourrait, croyait-il ; mais il s’ouvre entièrement à la petite boiteuse.

» Tout ce qu’il lit, il le raconte à sa façon à la fillette.

» Son premier rêve précisé est le rôle que doit jouer dans sa vie l’argent.
» La petite boiteuse garde le secret de tout ce qu’il lui dit et, chose étrange,

elle le sait de son propre mouvement, sans qu’il ait à le lui recommander...

» Elle ne consent pas à devenir athée.
» Il ne la bat pas pour cela. »
« Quand il est installé avec la petite boiteuse chez les Alphonsky, il lui dit de

ne pas parler de ses lectures de Gogol, de leur voyage projeté et de tout le reste. »
« De quoi parle-t-il avec la petite boiteuse ? De tous ses rêves : — Quand je serai grand, je me marierai, mais pas avec toi. Il lui parle de ce qu’il fera, et de l’argent. Il la bat, parce que l’argent ne s’accumulait pas. Il lui parle de ses lectures de Karamzine , des Contes arabes, etc.
» La petite boiteuse ne se montrant pas enthousiaste pour Karamzine : il la bat.
» Il connaît toute la Bible ; et il en parle à la fillette.
» Il connaît bien l’histoire universelle, mal la géographie.
» Il fait connaissance de Oumnov et lui démontre qu’il est plus savant que lui.
Rentré, il dit à la petite boiteuse que Oumnov est un imbécile et ne sait rien ; il bat la fillette, puis fait la cour à Oumnov.

» Il avait pris l’habitude de battre la petite boiteuse (parce que) il ne voulait pas l’embrasser.

» Quand les petits vieux se soûlaient trop et traînaient par terre, la petite boiteuse pleurait sur eux ; il la frappait, puis cessa de la battre pour cela.

» Il n’est jamais tendre avec la, petite boiteuse, jusqu’au moment où petite boiteuse et de Katia, le valet de chambre d’Alphonsky, dont le nom est d’abord Ossip, puis Koulikov, quand il s’est fait brigand, et une autre fois Koulichov, est décrit avec quelque détail il la porte sur ses bras... »
« La petite boiteuse n’est pas morte gelée. On la retrouve. Mais elle disparaît de la maison Alphonsky. »

« Je suis moi-même Dieu. »

Et il force Katia à l’adorer. (C’est fou ce qu’il fait d’elle.)
« Je t’aimerai alors seulement que tu feras tout ce que je veux. »
« Il montre de la force d’esprit devant Koulikov. L’autre ne l’égorge pas, mais le laisse partir alors qu’ils avaient égorgé ensemble un déserteur devenu brigand. »
» Il ne pense pas à Dieu pour l’instant.

» Après Koulikov, il semble se calmer, aussi bien dans la famille qu’à la pension, dans le but de reprendre son équilibre.
» Il est renfermé, insociable, et ne saurait être dans un autre état d’esprit,
sachant l’horreur qu’il a commise.

Il regarde tous les autres enfants comme complètement étrangers à lui, desquels il a été rejeté loin, que ce soit dans un sens mauvais ou bon.

Le sang versé le torture parfois.

» Mais ce n’est pas cela seulement qui l’isole de tout le monde ;

ce sont des « rêves de domination et d’élévation au-dessus de tous qui l’attirent aussi... »

« Il s’isolait aussi parce que tout le monde le regardait comme un excentrique, le raillait, ou le redoutait. »


« Albert et lui arrachent l’auréole en argent d’une image sainte et s’enfuient sans être pris. C’est lui qui a pris l’initiative ; mais lorsque Albert se mit à prononcer des paroles sacrilèges, il le battit. Puis il se déclara lui-même athée devant les juges.

» Parfois, certaines choses le touchent au cœur :

alors, dans un terrible accès de colère et d’orgueil, il se plonge dans l’orgie.

» Bien que l’argent le fixât sur un terrain solide, l’argent résolvant toutes les questions, 

parfois cette base chancelait et il ne savait pas trouver l’issue. Ce sont ces constantes oscillations qui constituent le roman »

» Il s’arrête à cette décision après avoir longuement réfléchi et arrive à la conclusion que : il ne faut pas agir malhonnêtement, parce qu’en agissant honnêtement, il gagnera bien mieux de l’argent, les riches ont toute latitude de
 
faire le mal sans qu’ils se donnent la peine d’être malhonnêtes. »

« Lambert et lui : tableau complet de débauche. Mais Lambert s’y plonge avec délice et y goûte le suprême plaisir, tandis que lui s’y adonne avec une soif irrésistible, certes, mais aussi avec angoisse. La vanité, la boue et la stupidité de la débauche le confondent. Il abandonne tout, et après toutes sortes de crimes il se livre, avec, amertume, lui-même. »

« Après l’histoire honteuse avec Katia, après l’orgie infernale avec Albert, après le crime et le sacrilège, il dénonce le crime qu’il a commis avec Koulikov : il se jette dans l’abîme. Le monastère. »

« Le démon le possède. »

« Le gamin a parfois des basses pensées sur Tikhon :
« Il est si ridicule, il sait tellement, peu, il est si faible et sans défense... il ne fait que me demander conseil. » Mais vers la fin, l’adolescent devine que Tikhon est robuste par la force intérieure, qu’il est pur comme un petit enfant, qu’aucune mauvaise pensée ne saurait traverser son esprit, que rien ne le trouble et que, par suite, toutes ses actions sont belles et nettes. »

« Tikhon parle de l’humilité comme d’une grande force.
» De la difficulté de pardonner à un criminel impardonnable. Ce martyre est le plus grand de tous. »

« Pensée dominante ».
« Après avoir quitté le monastère et Tikhon, le grand pécheur revient dans le monde pour être le plus grand des hommes. Il est persuadé qu’il sera le plus grand des hommes.


» Il se conduit comme tel : il est le plus orgueilleux parmi les orgueilleux, il traite les hommes avec une hauteur sans borne. Mais il ne se représente pas avec précision les formes de sa future grandeur, ce qui est bien de son jeune
âge. Grâce à Tikhon (c’est le principal), il s’est assimilé toutefois la pensée (ou la conviction) que pour vaincre le monde entier il faut vaincre seulement soi.

Triomphe de toi et tu triompheras du monde.

» Il n’a pas fait choix d’une carrière ; le temps lui manque : il commence à se surveiller à tous les instants. Il est mis en présence aussi de plusieurs contradictions : la nécessité, d’amasser de l’argent — il a une famille à nourrir ;

l’idée d’amasser de l’argent lui est suggérée par un usurier, homme horrible,
 
antithèse absolue de Tikhon. La science le hante et aussi la philosophie ; il s’assimile celle-ci en ce qui importe le plus à son intérêt.
» Soudain, jeunesse et débauche. De hauts exploits et d’horribles méfaits. Dévouement. Orgueil incommensurable. Par orgueil, il se fait ermite, puis pèlerin. Voyage à travers la Russie. Amour. Soif d’humiliations, etc., etc.

» Riche canevas. — Chute et relèvement.  Homme extraordinaire. Mais qu’a-t-il fait et accompli ?
» Par orgueil, par un sentiment d’élévation ultime au-dessus des hommes,
 

il se montre doux et bienveillant pour tous, précisément parce qu’il se sent au-dessus de tous.



» A un moment, il a l’intention de se suicider.


» Il finit par installer chez lui un asile et une maison d’éducation pour enfants.
Il s’inspire de l’exemple de Haas. »

« Il meurt, après s’être confesse de ses crimes. »

(Par amour de Dieu n’en parlez à personne, car, pour moi, écrire ce dernier roman, et puis mourir :

je m’y livrerai tout entier).

« Accroissement de la volonté et de la force intérieure »
« Orgueil incommensurable et lutte contre la vanité. »
« J’ai un horrible vice : un amour-propre infini et une ambition illimitée. »
« éprouve du dégoût pour les gens »
« par un sentiment d’orgueil de sa nature dominatrice »
 « Il est frappé de voir tous ces gens (les adultes), prendre au sérieux leurs balivernes et être plus bêtes et plus insignifiants qu’ils ne le paraissent. »
« Dieu que de sages à barbe blanche, bassement bornés, connaisseurs de la vie, fiers de leur expérience, c’est-à-dire sans personnalité propre (car tous sont faits sur le même patron), prêchant constamment la nécessité d’être content de son destin, de savoir se limiter dans la vie, d’être content de sa situation, et cela sans se préoccuper du sens de ces mots, le contentement qui fait penser à la restriction et à la mise à l’épreuve monastique, des misérables qui, avec une mesquine méchanceté inlassable, condamnent une âme forte et ardente parce qu’elle ne sait se soumettre à leur règle quotidienne, à leur calendrier de l’existence. Ce sont bien des misérables, avec leur comique bonheur terrestre ! Des misérables ! »
« descente dans l’abîme ». 

« Partout et en tout, j’atteins la dernière limite ; toute ma vie, je n’ai fait que de la franchir »

« Mais le pire est que ma nature est vile et excessivement passionnée. »

« J’aurai à son service l’argent ; alors, qu’ils le veuillent ou non, ils viendront tous se prosterner devant moi »

« L’argent résoudra toutes les questions. »

« Toute ma vie je n’ai travaillé que pour l’argent, et tous les instants de ma vie sont remplis par ce besoin ; aujourd’hui plus que jamais »

« Lambert et lui : tableau complet de la débauche »

« Mais Lambert s’y plonge avec délice et goûte le suprême plaisir, tandis que l’autre s’y adonne, avec une soif irrésistible certes, mais aussi avec angoisse. La vanité, la boue et la stupidité de la débauche le confondent. »

Papiers personnelles de Dostoïevsky, Projet du roman  La vie d’un grand Pécheur.




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