Derrida La représentation comme perte de la présence
domingo, octubre 27, 2013
"L'aliénation sans réserve est donc la représentation sans réserve.
Elle arrache absolument la présence à soi et absolument à soi la re-présente.
Le mal ayant toujours la forme de l'aliénation représentative, de la représentation dans sa face dépossédante,
toute la pensée de Rousseau est en un sens une critique de la représentation, tant au sens linguistique qu'au sens politique.
Mais en même temps, — et ici se réfléchit toute l'histoire de la métaphysique — cette critique vit dans la naïveté de la représentation.
Elle suppose à la fois que la représentation suit une présence première et restitue une présence finale. On ne se demande pas ce qu'il en est de la présence et de la représentation dans la présence.
En critiquant la représentation comme perte de la présence,
en attendant d'elle une réappropriation de la présence, en en faisant un accident ou un moyen, on s'installe dans l'évidence de la distinction entre présentation et représentation, dans l'effet de cette scission. On critique le signe en s'installant dans l'évidence et l'effet de la différence entre signifié et signifiant. C'est-à-dire sans penser (ce que ne font pas davantage les critiques plus tardives qui, à l'intérieur du même effet, renversent ce schéma et opposent une logique du représentant à une logique du représenté) le mouvement producteur de l'effet de différence : l'étrange graphique de la différance."
Derrida, De la grammatologie, pp. 417-418
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