Derrida Rousseau Platon Dieu
sábado, octubre 26, 2013
"Il a dû arriver ce qui n'eût dû jamais arriver.
Entre ces deux modalités s'inscrit donc la nécessité de la non-nécessité,
la fatalité d'un jeu cruel.
Le supplément ne peut répondre qu'à la logique non logique d'un jeu.
Ce jeu est le jeu du monde. Le monde a dû pouvoir jouer sur son axe pour qu'un simple mouvement du doigt le fasse tourner sur lui-même. C'est parce qu'il y avait du jeu dans le mouvement du monde qu'une force presque nulle a pu, d'un coup, d'un geste silencieux, donner sa chance ou sa malchance à la société, à l'histoire, au langage, au temps, au rapport à l'autre, à la mort, etc.
La chance et le mal d'écriture qui s'ensuivront auront le sens du jeu.
Mais Rousseau ne l'affirme pas. Il s'y résigne,
il en retient les symptômes dans les contradictions réglées de son discours,
il l'accepte et le refuse mais il ne l'affirme pas.
Celui qui inclina l'axe du globe aurait pu être un Dieu joueur,
risquant à la fois le meilleur et le pire, sans savoir. Mais il est partout ailleurs déterminé comme providence. Par ce dernier geste et par tout ce qui s'ordonne à lui dans la pensée de Rousseau,
le sens est mis hors jeu.
Comme dans toute la métaphysique onto-théologique, comme chez Platon déjà. Et la condamnation de l'art, chaque fois qu'elle est univoque, en témoigne clairement."
Derrida, De la grammatologie, p. 367
.
0 comments