Le loup, en passant son doigt «plein de terre» sur ses lèvres, fit taire le secret de Dostoïevski

martes, febrero 17, 2015




«Enfin, Dostoïevski tenait à ce personnage au point de batailler pendant plusieurs mois avec l’éditeur pour s’opposer à l’amputation pure et simple de ce qui était pour lui essentiel.»

«On est cependant certain

qu’il subit puissamment l’ascendant de l’homme :

il ira jusqu’à écrire qu’il était « pour lui » et « à lui ».

C’est avec Spechnev que Dostoïevski échangea ce qu’ils croyaient être leurs dernières paroles devant le peloton d’exécution.»

«Spechnev dicta ses mémoires à la veuve de Dostoïevski, pages qui ne nous sont jamais parvenues.» qui nous aurait montré au «grand jour le véritable visage idéologique de Dostoïevski.»

«Stavroguine, pendant son séjour pétersbourgeois, se livre à la débauche d’une manière systématique au point « qu’il aurait pu en remontrer au marquis de Sade », déclare Chatov dans un de ses dialogues avec le maître. Il s’y serait livré à des expérimentations diverses, luxure, vols gratuits, mariage absurde, voire pire. C’est après toute cette séquence qui se déroule hors champ, et dont ne nous sont révélés les détails que dans la Confession, que Stavroguine, quatre ans auparavant, est entré en scène.»

«Le personnage du père (...) brille par son absence dans les Démons que l’on pourrait définir comme le roman des fils sans père. Du père de Stavroguine, nous ne savons rien, tandis que nous assistons aux « retrouvailles » de Piotr Verkhovenski avec le sien, qu’il ridiculise de manière odieuse et accuse de l’avoir abandonné.»

«Ni les années d’exil, ni les souffrances ne nous brisèrent.»

«alors qu’il détruira nombre de ses manuscrits (perte décisive pour nous),
témoigne chez l’auteur d’un devoir de fidélité.»

«il était pris en flagrant délit de mensonge, et bien davantage d’imposture. « Je ne vous trompais ni l’un, ni l’autre », répond-il à Chatov qui lui reproche son double-langage.»

«Milochevitch parle de l’habileté de Dostoïevski à manier l’idéologie « en boomerang », c’est- à-dire de sa faculté à retourner contre l’autre ses propres arguments, ce dont hérite le héros.»

«Les dialogues politico-métaphysiques n’ont rien d’anecdotique, leur contenu, déformé et parfois inversé, apparaissant comme un écho des idées qui ont envoyé l’auteur au bagne.»

«Les micro-dialogues mis en exergue par Bakhtine montrent comment

la pensée du personnage s’intrique à celle de l’autre,

de manière consciente ou pas. Sujet autonome, il n’est pas un être solipsiste, mais un être de dialogue avec les autres personnages, voire avec son auteur.»

«Cela n’est pas sans analogie, dans son principe, avec les contradictions idéologiques insolubles avec lesquelles Dostoïevski se débat après le bagne afin de réintégrer la vie littéraire.»

«Un Dostoïevski est demeuré fidèle à la cause à laquelle il a officiellement renoncé, tandis qu’un autre, qui deviendra à la fin de sa vie conseiller de certains membres de la famille impériale, polémiquait en faveur des théories conservatrices.»

«Comme Spinoza, à la fois en butte aux persécutions des oppositions internes à son camp et à celles de ses ennemis, il se devait d’avancer masqué. La différence entre les deux auteurs, c’est que chez Dostoïevski, le masque semble avoir adhéré au visage au bout de quelques années, jamais totalement toutefois, d’où ses tourments et son caractère irascible et belliqueux. Le prix à payer pour continuer à écrire avait pour lui été considérable et sans commune mesure avec ce qu’avaient connu ses confrères qui, pour paraphraser Figaro, s’étaient juste donné la peine d’écrire. De cela, il était très conscient, comme de son génie, et en même temps, il était totalement dépourvu d’estime de soi.»

«Emboîtées comme des matriochkas, les différentes strates de secrets donnent lieu à la structure kaléidoscopique de l’œuvre, extraordinaire mise en abîme du personnage dont le moi clivé lui est renvoyé en miroir par les différents cercles constitués par ses disciples et ses femmes dans un carnaval qui les conduit tous vers une inéluctable catastrophe orchestrée par Verkhovenski. Les couches entremêlées de crypte et de fantôme, le personnage renvoyant à l’auteur, demandent une analyse plus précise. Qu’est-ce qui s’est exprimé par les trois actes au moment de l’entrée en scène de Stavroguine ?»

«Quand Stavroguine aperçoit Matriocha en train de sangloter devant sa mère qui l’a fouetté parce que celui-ci ayant égaré son canif, elle en a accusé l’enfant, le scénario sadique se déclenche. Il retrouve le canif et n’en dit rien, Dès lors, le scénario ne peut que se dérouler jusqu’à ses conséquences ultimes. (...) L’acte, le viol suivi du meurtre, une fois accompli, a été remisé dans quelque coin secret de son esprit et ne l’a pas importuné le moins du monde, telle une bombe provisoirement désactivée. Il raconte même qu’ayant trouvé en Allemagne, à Francfort, une photo d’une fillette qui lui rappelait Matriocha, il l’a achetée et posée sur sa cheminée pendant une semaine, puis oubliée à son départ. La scène qu’il décrit contredit ses propos, car en fait, il a installé la photo un peu à la manière d’une icône sur un autel. Ce geste, qui ne paraît pas ironique, témoigne de la profondeur de l’investissement, du caractère sacré qu’il accorde au souvenir de la victime du sacrifice perpétré, et non d’un désintérêt.»

« Supposons que vous ayez vécu dans la lune, (…) que vous y ayez commis toutes ces vilenies ridicules. Vous savez que là-bas, on crachera sur vous (…), mais maintenant, vous êtes ici, et c’est d’ici que vous regardez la lune : que vous importe ici ce que vous avez fait là- bas et que les habitants crachent sur vous pendant mille ans ? ».

«je vois beaucoup de choses comme si c’était la première fois.»

«Si, pour certains, Dostoïevski est un « converti », Stavroguine apparaît, lui, comme un ex-converti, que le fait qu’il ait été déchiré entre plusieurs « dieux » et croyances, met toujours mal à l’aise. N’est-ce pas, au bout du compte, ce qu’était l’auteur ? La singularité du cas de Stavroguine, c’est que l’on ignore tout de sa conversion : le moment, le lieu, les circonstances, qui elle a impliqué ? On ne connaît que les effets, les disciples qu’il a fait. Chatov représente le converti honteux qui ne sait s’il croit ou doute, et pour cette raison, peu sûr de lui, taciturne et maladroit (à l’image de l’auteur) est extrêmement susceptible. On donnerait à Verkhovenski le rôle du cynique. Il a tout de l’imposteur, mais il se révèle soudain comme un converti passionné, entièrement dévoué à la cause, et qui, totalement dépourvu de sens moral, en fait un combat personnel pour affirmer sa mégalomanie et prendre le pouvoir.»

«Un psychiatre, Binswanger, signale que Dostoïevski est le seul écrivain à décrire de manière aussi précise

« l’entrée dans un phénomène psychotique »,

de la manière dont les malades peuvent le verbaliser quand ils sont en mesure de le faire.»

«Autres phénomènes qui évoquent des transmissions de pensée,
le fait que Marie, la femme de Stavroguine, lors d’une visite de celui-ci, hallucine soudain la présence d’un couteau qu’il cacherait sur lui.

Elle perçoit l’idée que lui-même ne peut se représenter,

son projet de meurtre, comme dans ce qui se passe entre Muychkine et Rogojine.

Dans une « analyse mutuelle » telle que Ferenzci la définit,
les mots de l’analysant prennent en charge les représentations
de l’analyste et inversement.

N’assiste-t-on pas à un processus du même ordre ? Non seulement elle a halluciné le meurtre dont elle va être victime, motion encore non repérée par son meurtrier, mais par l’intermédiaire de l’image du couteau (image qui hante tout une partie du roman) elle a le tort de le lui révéler. Il sort furieux de sa visite, en murmurant « un couteau ».

Elle a permis l’accès de l’idée du meurtre à sa conscience,

et c’est bien ainsi, du couteau de Fedka, armé par Verkhovenski, qu’elle mourra un peu plus tard. Stavroguine encourageant « sans le vouloir » l’assassin, envoyé par Verkhovenski, en lui donnant la liasse de roubles qu’il réclame pour accomplir son forfait. Marie perçoit aussi ce qu’elle appelle « l’imposture » de Stavroguine, c’est-à-dire

son clivage, son double-visage,

celui-ci lui apparaissant tantôt comme un aigle, son sauveur, tantôt comme un faucon, son assassin.

Ce tableau clinique très riche évoque la psychose.»

«Le metteur en page ayant déclaré qu’il lui était impossible de réaliser ce que Dostoïevski lui demandait, celui-ci eut un « véritable accès de fureur », allant jusqu’à déclarer qu’il

« lui fallait des gens prêts à tout pour lui, fidèles, d’une fidélité de chiens »

 (Nicolas Milochevitch : Dostoïevski penseur, l’Age d’Homme, 1988, p.75).»

«D’autres anecdotes rapportent qu’il était capable d’accuser l’autre de la faute que lui-même avait commise

avec virulence et la plus grande mauvaise foi, comme s’il avait oublié l’acte commis par lui qu’il dénonçait violemment en l’attribuant à l’autre.»

«Rozanov fut le premier auteur, avant Bakhtine, à souligner la particularité des œuvres de Dostoïevski, « un génie souple et dialectique dont presque

toutes les thèses se retournaient en négations »

(Salomon Volkov, Saint-Pétersbourg, 2003, éditions du Rocher p.531).


«Le joueur va transcender sa condition humaine en se plaçant dans un tête-à-tête fantasmatique avec la puissance supérieure (…)

La relation d’addiction au hasard va consister non pas à nier celui-ci au sens d’un déni,

mais à affirmer qu’il existe bien, mais pour les autres,

et c’est dans une position mégalomaniaque que le joueur s’installe,

où il a besoin de ce même hasard pour s’y confronter et se donner la

preuve qu’il en est l’égal,

sinon le maître (…)

Le joueur est un Prométhée voleur de feu (…)»


«Milochevitch consacre un chapitre à « Dostoïevski et son secret », secret qui consiste, non en un scandale sexuel dont certains se sont fait les échotiers médisants à la suite d’un malentendu que dissipe Joseph Franck, mais d’un revirement idéologique. Une soigneuse analyse de ses œuvres et de sa correspondance lui permet de retracer l’évolution des idées de l’écrivain.

Dostoïevski a été obligé d’opérer un changement idéologique radical pour avoir une chance d’exercer à nouveau ses activités littéraires

après l’assignation à résidence de plusieurs années en Sibérie
qui lui fut imposée.

Revirement qui n’aurait pas été brutal selon Milochevitch, mais le résultat

d’une décision prise sous la contrainte,

c’est en quoi son analyse se singularise et s’oppose à la thèse de nombreux biographes d’une « conversion », dont Joseph Franck offre la version la plus argumentée. Les deux auteurs dépeignent un homme qui s’est battu avec courage et honnêteté devant la commission d’enquête.»

«Dostoïevski écrit le 21 octobre 1855 à Vrangel,

« Si l’on m’interdit de publier pendant encore un an, je suis perdu.
Mieux vaut ne plus vivre. ».

«Or, en 1856, il est promu officier, en 1857, rétabli dans ses titres de noblesse, ce qui lui donne le droit de publier. En 1859, il est autorisé à regagner Saint-Pétersbourg. Pour cela, il a fallu qu’il fasse intervenir tous ceux qui pouvaient l’aider. Point essentiel, il lui a fallu faire amende honorable

et promettre aux plus hautes autorités de l’Etat de devenir « un bon citoyen ».
On pourrait dire qu’il a été obligé de baiser la main de son bourreau et
qu’il a dû afficher un dévouement total vis-à-vis du tsarisme.»

«Pour Milochevitch, Dostoïevski met alors en place une vision construite, irréelle, et

un langage codé qui crypte ses anciennes idées pour leur donner l’apparence de celles qui ont l’agrément de la cour.

Milochevitch emploie le terme de « falsification » quand l’écrivain fait l’éloge du messianisme slave et annexe l’orthodoxie.

Il semble donc avoir abandonné et révisé ses convictions de jeunesses pour adopter des idées conformes à celles des pouvoirs en place qu’il défend avec conviction, et même, passé un certain temps, avec passion. D’après Milochevitch, le revirement s’est fait sous la contrainte et a entraîné une vive protestation intérieure, en particulier une culpabilité qui le ronge et qui rendra l’homme hypersensible à la plus petite humiliation,

son respect pour lui-même ayant presque été réduit à néant

par ce qui était aux yeux de ses amis, mais aussi aux siens, une trahison inavouable.

D’après lui :

« Toute sa vie, il s’est efforcé de justifier sa capitulation,
devant lui-même et les autres ».

D’une peine capitale à une autre,

est-on tenté d’écrire.»


«Il semble qu’il ait pendant une longue période, voire jusqu’à la fin, maintenu les

deux niveaux d’analyse,

par ailleurs la contradiction entre

les thèses de ses écrits publics

et les propos qu’il tenait en privé,

a été soulignée fréquemment.»


« Je m’épouvantais de l’ignominie dans laquelle j’étais plongée ».


«Surtout, Joseph Franck dépeint un Dostoïevski cliniquement en état de choc (p. 128). Il compare son expérience aux techniques modernes de lavage de cerveau : « La faim, la fatigue, la maladie, une tension aiguë due à la peur, les mauvais traitements physiques et mentaux, une extrême humiliation, c’est tout cela que Dostoïevski a subi et un spécialiste du lavage de cerveau n’aurait pas agi sur lui avec plus d’efficacité. ». En effet, le prisonnier, emmené en plein hiver sibérien par moins vingt degrés, les chaînes aux pieds (qu’il conserva pendant quatre ans), est exposé aux brimades des droits communs auxquelles s’ajoutent les punitions physiques des geôliers et les conditions de vie qu’il ne peut supporter avec sa santé fragilisée par les épreuves. Et tout cela fait suite au choc premier, le peloton d’exécution, la proximité de la mort dont il a eu l'expérience.»

« En reniant mes convictions, j’ai trahi les valeurs de ma jeunesse et ceux qui me les ont transmises, je ne suis même pas un chien qui, lui, est fidèle, je suis un imposteur. ».

« Moi le renégat, je ne vaux pas mieux que mon père, je mérite la même réprobation que lui. ».

«En condensant les péchés du père et du fils

--Stavroguine,--, l’écrivain réalise la formule, la mise en équation de la double crypte du personnage où son secret (le scandale sexuel renvoyant aux circonstances de la mort du père) s’articule à celui de l’auteur, sa propre « trahison ».»



«Il est au contraire présent à la conscience depuis longtemps comme une image énigmatique, un rébus impossible à déchiffrer. On ignore pourquoi il s’impose, tant le contenu en paraît banal. Ici, la fraîcheur de la sensation qui accompagne les descriptions confère un cachet de véracité au souvenir. Quand on lit l’ensemble du texte publié dans le Journal d’un Ecrivain, des éléments qui font penser à une pathologie attirent l’attention.

L’enfant de neuf ans était dans la forêt, et soudain il entend un cri : « le loup ». Ce cri l’effraie, ne sachant d’où il vient, il part dans une course folle jusqu’à ce qu’il rencontre le moujik. Le moujik calme l’enfant et le console en lui parlant et

en passant son doigt « plein de terre » sur ses lèvres.

D’après la description faite par Dostoïevski de son propre état, les lèvres qui tremblent, plus particulièrement à la commissure, son teint blanc, les tremblements qui agitent ses membres font penser au tableau qui annonce une crise d’épilepsie. Autre fait, le cri qui provoque une telle frayeur a tout de l’hallucination auditive. C’est d’ailleurs sa propre conclusion, personne n’a pu crier « le loup ».

Autre hypothèse, le cri entendu pourrait être le sien

au début d’une crise dont il conserverait le souvenir, comme ce sera souvent le cas, quand il reprend conscience en présence du moujik. À l’époque de son enfance, il n’était pas encore sujet aux grandes crises qui apparaîtront plus tard, mais il n’est pas exclu qu’il ait eu des crises temporales ou des hallucinations sans convulsions. Il amalgamerait les deux stades de sa maladie.

Reconstruction d’une expérience réelle de l’enfance,

ou construction d’un mythe tenant de la falsification,

voire mixte des trois ? Les deux réponses ne s’excluent pas l’une l’autre. Par ailleurs, Virgil Tanase évoque dans son Dostoïevski un fait intervenu au même âge dans la vie de Dostoïevski qui n’est mentionné que dans un document. Il aurait été témoin d’une scène de viol particulièrement choquante alors qu’il était en compagnie de la fille d’un serviteur du même âge que lui. Un ivrogne se serait précipité sur celle-ci et l’aurait violé sous ses yeux. On aurait appelé le père de Dostoïevski, chirurgien, qui ne parvint pas à la sauver. Quel crédit apporter à ce témoignage d’Anna Filossova dans ses Souvenirs ? L’association de l’âge de la fillette et du viol évoque Stavroguine, mais il est impossible d’aller plus loin et de tirer une conclusion. L’allégorie, ou parabole du Moujik Mareï, dissimulerait-elle, inaccessible, et le souvenir d’une crise, et une scène traumatique ...»

«À sa sortie du bagne, Dostoïevski écrit à l’un de ses frères :

« Je considère ces quatre années comme un temps où je fus enterré vivant et enfermé dans un tombeau. Je n’ai pas la force de te raconter à quel point ce temps fut terrible. La sortie du bagne fut pour moi comme une résurrection à une vie nouvelle. » (Milochevitch, p. 65).

C’est bien la totalité du séjour qui est conçu comme un ensevelissement.»


« Être seul est une nécessité (…) La société des hommes devient un poison et une contagion, et c’est de ces tortures intolérables que j’ai le plus souffert pendant ces quatre années. Il y avait des instants où je haïssais tous ceux que je rencontrais, les justes et les pêcheurs, et je les considérais comme des voleurs qui me volaient impunément ma vie. ».

«Et il ajoute que le pire est de devenir semblable aux autres, de se blâmer pour cela sans pouvoir se dominer. C’est cette expérience qui rend compte du thème qui deviendra central dans son œuvre de l’Homme du sous-sol, dont Stavroguine sera l’une des dernières incarnations. En effet, ses « semblables » apparaissent au personnage, sauf rares exceptions, sous un jour conflictuel, d’où l’aporie qui consiste à attendre son salut, le fait de pouvoir renouer avec l’humanité, de ceux-là même qu’il perçoit comme des persécuteurs. De même, l’auteur qui se sent persécuté par les droits communs au bagne, paranoïa qui peut expliquer sa susceptibilité maladive et son irascibilité. Il se sentait en effet agressé par la remarque la plus anodine qu’il interprétait immédiatement comme dirigée contre lui, noyau qu’il transfère à l’Homme du sous-sol, et dont hérite Stavroguine qui, comme l’auteur, projette sur les autres sa propre haine de lui-même. Comment s’humilier devant ceux que l’on hait et que l’on méprise lorsqu’ils ne sont que le reflet du dégoût que l’on se porte ?»

(Textes extraits de:)

Arlette MILLE Crypte et fantôme. L’auteur et son personnage : Stavroguine dans les Démons de F. DOSTOÏEVSKI. (1ère Partie)


You Might Also Like

0 comments

Popular Posts

Like us on Facebook

Flickr Images