Élie Faure: "Al principio el arte es siempre realista."

sábado, febrero 22, 2014


"D’ailleurs un art à ses débuts est toujours réaliste.
(Al principio el arte es siempre realista.)

Il ne sait pas encore former ces images synthétiques, faites des mille formes rencontrées sur la longue route de l’effort civilisateur, qu’il tente de réaliser dès qu’il parient au seuil de l’idée générale. Le primitif s’incline sur sa propre vie. Certes, il s’essaie déjà à des résumés de sensations, mais à des résumés actuels, qui ne dépassent pas la vision de l’instant. C’est pour bien caractériser la forme qu’il a sous les yeux qu’il ne laisse subsister d’elle que les sommets de ses ondulations et de ses saillies expressives."

"Tout le génie indien est dans ce besoin toujours inassouvi de remuer la matière, dans son acceptation des éléments qu’elle lui offre et son indifférence à la destinée des formes qu’il en a tirées. Il ne faut pas chercher dans l’art qui nous le livre l’expression peut-être imposée mais réelle de sa métaphysique comme chez l’Égyptien, la libre expression comme chez le Grec de sa philosophie sociale,

mais l’expression obscure et trouble, anonyme et profonde, et par là démesurément forte, de son panthéisme intuitif.

L’homme n’est plus au centre de la vie. Il n’est plus cette fleur du monde entier qui s’est employée lentement à le former et le mûrir. Il est mêlé à toutes choses, au même plan que toutes choses,

il est une parcele d’infini ni plus ni moins importante que les autres parceles d’infini.

La terre passe dans les arbres, les arbres dans les fruits, les fruits dans l’homme ou l’animal, l’homme et l’animal dans erre,

la circulation de la vie entraîne et brasse un univers confus où des formes surgissent une seconde pour s’engloutir et reparaître, déborder les unes sur les autres, palpiter et se pénétrer dans un balancement de flot.

L’homme ignore s’il n’était pas hier l’outil avec lequel il fait surgir de la matière la forme qu’il sera peut-être demain.

Tout n’est qu’apparences, et sous la diversité des apparences,

Brahma, l’esprit du monde, est un. L’homme, sans doute, a l’intuition mystique du transformisme universel. À force de transmigrations, à force de passer d’une apparence à une autre apparence et d’élever en lui, par la souffrance et le combat, le niveau mouvant de la vie, sans doute sera-t-il un jour assez pur pour s’anéantir en Brahma. Mais,

perdu comme il l’est dans l’océan des formes et des énergies confondues,

sait-il s’il est forme encore, s’il est esprit ? Est-ce cela un être qui pense, un être seulement vivant, une plante, un être tailé dans la pierre ? La germination et la pourriture s’engendrent sans arrêt. Tout bouge sourdement, la matière épandue bat ainsi qu’une poitrine. La sagesse n’est-elle pas de s’y enfoncer jusqu’au crâne pour goûter, dans la possession de la force qui la soulève, l’ivresse de l’inconscient?"

"Les Chinois n’y échappent encore que par leur absence d’idéalisme et leur esprit positif dont l’énergie s’emploie précisément à entraver et ralentir l’action."

"...il appartenait au Moyen Âge occidental de les faire passer dans la forme, pêle-mêle avec une irruption d’enivrements matériels qui établissent entre lui et le Moyen Âge indien une entente obscure et magique."

"L’immortel Dionysos a reconquis la terre, mêlant à sa fièvre sensuele l’amour du Bouddha, la douceur de Jésus, la dignité de Mahomet, et quand Prométhée, par la Commune occidentale, renaît à ses côtés, Prométhée s’ignore lui-même, il est, lui aussi, inondé d’ivresse mystique. Le Moyen Âge a recréé la connaissance contre les dieux qu’il adorait."

"Nous ne nous sommes jamais demandé pourquoi les plus beles créations des artistes ne coïncident pas toujours avec les minutes les plus intenses de l’exaltation religieuse, pourquoi la même religion garde souvent le silence au cours de sa jeunesse et ne s’exprime parfois que lorsqu’ele touche à son déclin."

"Nous ne nous sommes jamais demandé si les peuples ne donnaient pas à leurs croyances la forme de leurs sensations."

"On a dit que l’artiste se suffit à lui-même. Ce n’est pas vrai. L’artiste qui le dit est atteint d’un orgueil mauvais. L’artiste qui le croit n’est pas un artiste. S’il n’avait pas eu besoin du plus universel de nos langages, l’artiste ne l’aurait pas créé. Dans une île déserte, il bêcherait la terre pour faire pousser son pain. Nul n’a plus besoin que lui de la présence et de l’approbation des hommes. Il parle parce qu’il les sent autour de lui, et dans l’espoir souvent déçu et jamais découragé qu’ils finiront par l’entendre. C’est sa fonction de répandre son être, de donner le plus possible de sa vie à toutes les vies, de demander à toutes les vies de lui donner le plus possible d’elles, de réaliser avec elles, dans une collaboration obscure et magnifique, une harmonie d’autant plus émouvante qu’un plus grand nombre d’autres vies viennent y participer. L’artiste, à qui les hommes livrent tout, leur rend tout ce qu’il leur a pris."


"L’art égyptien est peut-être le plus impersonnel qui soit. L’artiste s’efface. Mais il a de la vie un sens si intérieur, si directement ému, si limpide, que tout ce qu’il décrit d’elle semble être défini par elle, sortir du geste naturel et de l’attitude exacte dont on ne voit plus la raideur."


"L’artiste a le droit de créer des monstres, s’il sait en faire des êtres viables. Toute forme adaptée aux conditions universelles de la vie est plus vivante, même si elle n’existe que dans notre imagination, que telle forme organisée réelle qui remplit mal sa fonction."

"Entre le sol du pays et l’intelligence des hommes, il y eut toujours de ces accords profonds, qu’on trouve légitimes et nécessaires dès qu’on croit que l’esprit n’invente rien, découvre tout, qu’une matière qui dure doit lui donner l’idée de la durée, une matière qui s’effrite, l’idée de la fragilité et de l’utilisation pratique des armes qu’elle peut fournir, un ciel dont on a scruté les révolutions mathématiques, l’idée de consacrer les moyens précis qu’elle offre pour son aménagement."

"On a voulu assimiler, par un procédé de raisonnement trop facile, les formes d’art anciennes à des essais enfantins. Les Égyptiens, les Assyriens n’auraient tracé que les ébauches d’une figure supérieure réalisée par les Grecs."

"L’art assyrien, l’art égyptien représentent un effort synthétique d’une puissance d’intuition et d’une profondeur dont il est tout à fait puéril de croire l’enfance capable."

"Rien de pareil à l’Égypte, si souvent réfugiée dans cette concentration d’esprit qui donne à son art tant d’intériorité et de mystère."

"Seul, le visage humain ne bouge pas. Jamais on ne voit sa surface s’éclairer de la sourde illumination des figures égyptiennes. Il est tout à fait extérieur, toujours pareil,, dur, fermé, très monotone, mais très caractérisé par ses yeux immenses, son nez busqué, sa bouche épaisse, son ensemble mort et cruel."

 "C’est le poème de la force, du meurtre et de la faim. Même quand il renonce pour un jour à ses sujets de bataille ou de chasse, à ses orgies d’assassinat dans le concert horrible des clameurs de mort et des rugissements, le sculpteur assyrien continue ce poème."

"Les poitrines grecques seules avaient arrêté la vague à Marathon. Mais ce brassage incessant des hommes et des idées faisait son œuvre."


"Chypre, l’éternelle serve, soumise à leur influence, mêlait l’Assyrie déchue à la Grèce naissante en des formes empâtées et lourdes où l’intelligence de l’une et la force de l’autre se nuisent en voulant s’unir."

"J’ai donc écrit sur l’art grec, le moins mystique qui soit, avec une passion mystique. Et par conséquent, par amour pour l’art grec, j’ai passé à côté de lui."

"...qui nous montre, par des exemples récents, que la civilisation grecque, en dépouillant sa force créatrice, n’a pas perdu ses qualités originelles de turbulence inquiète mais féconde, d’idéalisme sans frein, mais aussi sans continuité, d’illusionnisme incorrigible et, bien qu’insupportable, nécessaire, de nationalisme spirituel ruinant la cité cependant chérie pour vouloir et ne pas pouvoir stabiliser l’unité morale de la race, d’aspiration vers la justice qui proscrit l’homme juste et massacre l’innocent, de prétention à la sagesse qui condamne à une agitation perpétuelle l’indolence native

d’un peuple incapable de se connaître,

bien que poursuivant sans lassitude le fantôme de sa raison."

"A tous les âges de a Grèce, de l’expédition contre Troie à l’aventure d’Alexandre, en passant par les luttes entre Sparte et ses voisines et les guerres de Péloponnèse et de Sicile, dans toutes ses cités éparses, il est facile de retrouver cet esprit de guerre et de chicane qui donne à son histoire, revêtue de tant de splendeur par la fiction plastique et poétique, un caractère effroyable de férocité."

 "La volupté du carnage..."

"Des populations entières sont livrées aux égorgeurs..."


"Zeus et Arès, Athéna et Aphrodite, Hermès et Héra, quelquefois admirables - dès qu’il s’agit d’assouvir leur passion - de courage et d’autorité,

sont des crapules authentiques, tour à tour fourbes et cruels, menteurs, vindicatifs, paillards, sadiques, -souvent stupides par surcroît.

Je n’y vois pas d’inconvénient, puisque ce sont des hommes. Mais alors, comment ont-ils pu si longtemps passer pour des dieux."



 Élie Faure

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