Rimbaud fait ses devoirs avec un sourire sournois devant le regard ébloui de la mère

lunes, diciembre 09, 2013






"Au printemps 1871, on voit un Rimbaud, mélange inanalysable de contraintes
destinales et de choix délibérés, s’imprégner dans illusions,

élans brusquement interrompus, revirements,

cris de révolte et soupirs de lassitude. Sur cette route pour trouver la vraie révolte
en action, Rimbaud avance, flambeau à la main, mainte fois éteint par la déception
et la désillusion, et toujours rallumé par quelque chose aussi ardent que le feu,

encore plus violent que le feu – la folie, « sept replis de folie en l’âme »,

comme il l’écrit dans la lettre adressée à Demeny le 17 avril 1871.

Cependant, celui qui a sept replis de folie en l’âme

et écrit le Bateau ivre (vingt cinq quatrains, rimes croisées) n’est pas ivre.
Le Bateau est plutôt « extravagant », comme l’indique le titre du poème dans
la liste établie par Verlaine au début de 1872.

C’est un écrit de parade

pour montrer aux « parisiens » ce qu’il peut faire (qu’il peut bien plus et bien

plus brillamment que n’importe lequel d’entre eux).

Avec son « Bateau extravagant », notre poète se met à la recherche de sa
liberté libre à Paris. Son rêve se réalisera, ou peut-être, il n’est qu’un cauchemar."



"Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend !".

"Si le rêve réalisé de façon trop soudaine, presque foudroyante, jette Rimbaud
dans le trouble, comme en témoigne Delahaye :

« Qu’est-ce que je vais faire là-bas ? ...

Je ne sais pas me tenir, je ne sais pas parler »,

c’est sans doute son travail nouveau du printemps 1871 qui lui permet de
retrouver aussitôt la foi en lui-même,

« Pour la pensée, je ne crains personne », dit-il."



"surtout par des termes nouveaux :

shako, cabochons, héliotropes, hydrolat lacrymal, pialats, bandolines, fouffes,
éclanches, darne, polypier, ithyphallique, vesprée, abracadabrantesque,
pioupiesque, diptères, bleuisons, bombiner, strideurs

et des images flamboyantes de couleurs riches et nouvelles dues à d’audacieux
rapprochements : les yoles « fendent le lac aux eaux rougies » ; les « jaunes
cabochons » croulent « sur nos tanières » ; les « Ruraux se prélassent dans de
longs accroupissements », les larmes lavent « les cieux vert-chou » ;
le soleil, « clair comme un chaudron récuré... »"


"L’inertie est pour Rimbaud synonyme d’enfermement et de mort.
La frustration et la sédentarité forcée dans sa ville natale ne lui
provoquent rien d’autre que les idées de claustration, de damnation.

L’absence de mouvement engendre sans doute chez lui l’angoisse fondamentale

et en même temps les désirs très forts de s’enfuir.

Dans des poèmes les plus virulents, à travers une constante lexicale, est bien
repérable l’hostilité de Rimbaud contre l’immobilité étouffante d’ordre physique
et mental. « Les Assis » et « Accroupissements », envoyés déjà à Verlaine,
témoignent bel et bien de son état d’âme."


"Dans la lettre adressée à Emile Blémont le 5 octobre 1871,
Léon Valde décrit ainsi Rimbaud :

« figure absolument enfantine, [...] yeux bleus profonds, caractère plus sauvage
et timide [...] dont l’imagination, pleine de puissances et de corruptions inouïes,
a fasciné ou terrifié tous nos amis ».

Quelques jours plus tard, dans la lettre à Jules Clarrtie, Léon Valde présente
Rimbaud comme

« le plus effrayant exemple de précocité mûre [...] le diable au milieu des docteurs... ».

 Ce « diable », par son attitude maussade et agressive, se fait indésirable à peu près partout.

La seule lettre retrouvée de Rimbaud pour l’année 1872, c’est celle adressée à
Ernest Delahaye en juin, où résonne sa nostalgie des « rivières ardennaises et belges,
les cavernes ». Dans cette lettre marquée par

une profonde solitude étouffante ressentie dans une foule affairée,

Rimbaud ne mentionne le nom d’aucun ami parisien, pas même celui de Verlaine.
L’ivresse, qui lui permet de se détacher de toute réalité apparente

et se perdre dans le rêve,

ne semble qu’un mauvais fard pour dissimuler à soi-même son effroi persistant

et croissant devant la solitude

mélangée avec quelque sorte de nostalgie, devant le vide, même devant la vie,

comme il l’écrit :

« [...] l’ivresse par la vertu de cette sauge de glaciers, l’absomphe !
Mais pour, après, se coucher dans la merde ! »"





XIANG Zheng

Doctorat Langue et Littérature Françaises

La poésie française moderne (Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont)  et son
influence sur la nouvelle poésie chinoise dans les années 1920-1930.

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